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Les théories et bavardages de Mau Vaise
24 février 2015

Les chômeurs

chomeur

Le titre de cet article pourrait aussi bien être le titre d’un film, d’une bande dessinée ou d’un documentaire sur Arte tant on en entend parler en long, en large et en travers. Alors comment pourrais-je éviter ce sujet ? Non pas que je veuille vous faire une liste de pourcentages, avec une courbe de croissance et des images trash de gens vivant dans la rue après un terrible licenciement ; non je vais faire dans le moins sensas’ et dans le plus drôle en vous décrivant les différents profils de chômeurs.

Le chômage semble être le même pour tous : c’est juste ne pas avoir d’emploi. Mais en fait non, chacun vit son chômage à sa façon et adopte un style de chômage, oui, oui vous m’avez bien lue et peut-être même qu’un jour un ami chômeur arrivera à lancer la mode du chômage, qui sait ? D’ici là, gardez votre carte demandeur d’emploi, elle vaudra peut-être son pesant d’or un jour…

Et c’est, forcément, en tant que « sélectionneuse active de travail » (avec une amie nous avons décidé de transformer notre statut trop réducteur de « demandeur d’emploi », on est pas des mendiantes du travail non plus, hein, on se respecte : on sélectionne !) que je vais écrire cet article dans la joie et la bonne humeur. Et surtout parce que j’ai pas grand-chose à foutre : je bosse pas !

 

Le nouveau chômeur:

Ça y est, tu viens de perdre l’emploi que tu avais depuis cinq ans, tu viens de terminer tes sept ans d’études ou alors tes parents t’ont coupé les vivres (pauvre Jean-Charles !) et tu as même du vendre ta porsche cayenne pour subvenir à tes besoins ? (Ok ce dernier cas de figure est très rare, on est d’accords.) Et bhen, bienvenue cher ami au sein d’une grande famille. Tu découvres alors, mi ahuri mi apeuré, ce nouveau statut que tu viens d’acquérir. Tu tâtonnes au début pour prendre tes marques et puis, hein, on s’y fait à la non-activité ?

Le « nouveau chômeur » s’habitue rapidement à cette situation, après tant d’années à s’activer chaque jour ; ça fait du bien quand même de faire une pause. Et au fur et à mesure la pause, et bhen elle dure deux mois, puis quatre et le voilà devenu chômeur actif . Le « nouveau chômeur » décide de ne pas se trouver d’activités trop pénibles, non, il veut profiter de ce temps libre et se vautrer dedans. Plus d’heure de réveil, plus de petit déjeuner/déjeuner/dîner, plus de semaine ou de week-end : le « nouveau chômeur » vit hors du temps et il aime ça. Le matin commence à l’heure que son corps veut pour se réveiller (fourchette horaire variant entre 12h et 16h), une fois levé il vaque à des occupations ne nécessitant pas d’efforts physiques ou mentaux. En général, il se vautre devant la télévision et zappe sur NRJ12/W9/D17 (non ceci n’est pas un message codé mais bien les trois chaînes télévisuelles les plus nocives pour notre intellect). Ou alors il (ou ELLE puisque je vois déjà certains mecs s’indigner) joue à la console en prenant soin de choisir le jeu qui fera moins réfléchir sa cervelle ramollie. Le « nouveau chômeur » savoure ces instants de bonheur où aucun patron ni aucun professeur ne lui demandent de retour sur un quelconque projet. Il vit pour lui et lui seul. Jusqu’à ce que ses allocs prennent fin et que la période de joie et d’allégresse ne se terminent par le gros stress de la recherche d’emploi super-active, à passer des journées entières à distribuer Cv et lettres de motivations à tout va. La prochaine fois, il s’organisera mieux le « nouveau chômeur » comme le « chômeur invétéré ».

Le chômeur invétéré

            Le « chômeur invétéré » joue au yo-yo avec ses périodes d’emploi. Il alterne CDD de trois à six mois avec chômage de trois à six mois. Il connait parfaitement le statut de demandeur d’emploi et en maitrise toutes les ficelles. Il sait de quoi il peut bénéficier en étant dans cette situation et il compte bien en profiter. Tout d’abord, le « chômeur invétéré » organise ses journées avec un vrai planning (comme les gens qui travaillent, si, si !)

11h30 (pour les lève-tôt) : Réveil.

12h30 : Petit-déjeuner (qui fera aussi office de repas du midi, comme ça on gagne du temps)

13h30 : Douche. Et on peut bien prendre son temps dedans.

15h00 : Après avoir enfilé un jeans, un tee-shirt et des chaussures. Et son manteau et ses baskets. Et puis nan, je vais pas mettre ce jeans. Je vais plutôt mettre mon pantalon en lin. Ouais mais nan, il fait trop froid…

16h30 : Début des recherches d’emploi, démarches en tout genre. Facebook. Youtube. Séries. Films. Recherches d’emploi. Sieste.

18h00 : Préparation de la soirée : « qui est motivé pour un cinéma ? Un verre en ville ? Apérooooo ? »

19h00 : La vie active du chômeur commence vraiment.

2h30 : couvre feu. (en semaine)

5h00 : couvre feu (le week-end)

Le « chômeur invétéré » peut sortir avec ses amis malgré son compte en banque peu garni car il a en premier lieu sa carte de demandeur d’emploi lui permettant de bénéficier de tarif préférentiel (en gros, il est considéré comme un cassos et comme c’est la mode de faire découvrir la culture aux cassos, bhen tu peux emmener ton copain chômeur voir une expo de Picasso. En lui expliquant bien qu’il ne sera pas question de voitures). Et si « le chômeur invétéré » habite une ville qui aime les cassos (comme Rennes, à tout hasard) et bien il peut aussi avoir une fameuse carte pour pauvre (comme la carte  Sortir !) : l’ultime carte donnant accès –à des tarifs réduits- à tout pleins d’activités super tops sympas comme des concerts, des spectacles, du sport etc. Puisqu’évidemment, la priorité d’une grosse feignasse de chômeur c’est d’aller se la jouer artiste maudit au vernissage d’un connard qui vend des toiles bleus et rouges à 30.000 euros. (Nota bene : N’empêche, qu’elle est bien pratique cette carte…) « Le chômeur invétéré » a cependant très envie de trouver un travail, et en dehors de ses sortis culturelles et sociales, il cherche quand même du travail. Il a en général, enregistrés sur son ordinateur, diverses lettres de motivation et autres CV. Tous différents car destinés à tous types d’emploi. Tellement plus simple pour postuler par la suite ! Il est connecté 24h/24h sur poleemploi.fr et traque la moindre offre intéressante ou mi intéressante afin de retrouver une activité professionnelle comme tout le monde. A force de persévérance, il finira par décrocher un entretien. Après, un emploi, faut peut-être pas trop rêver non plus…On est et en 2015, les gars.

Le chômeur baroudeur :

            C’est très simple le chômeur baroudeur alterne période de travail de six mois et voyage de six mois. Qui a dit qu’il ne fallait pas profiter de la société et des aides qui nous sont gracieusement « offertes » ? En général,  « le chômeur baroudeur » fait une saison (hivernale ou estivale) et  se casse le reste de l’année au bout du monde. Bien souvent c’est un peu un marginal qui voudrait casser les codes de cette société étriquée, (mais qui aime bien quand même avoir les allocations, ça, c’est cool.) et qui, du coup, se casse en road trip sur plusieurs mois écumant les pays et vivant au rythme de différents cultures (en gros, il squatte chez les gens qu’il connait dans pleins de pays, se la coule douce sur les plages, profite des plus belles vues du monde et fait la fête 5 jours sur 7). Il ne se soucie guère d’être un inactif professionnel, bhen nan, qui s’en soucierait à sa place ? T’es peinard à traverser les frontières et Pôle emploi alimente ton compte en banque, pourquoi ne pas en profiter ?

            Bien sûr, cette douce période d’allégresse est un peu comme un CDD sauf que t’as pas de prime à la fin, et il faut retourner au bercail, pointer dans son agence Pôle Emploi pour se re farcir la recherche d’emploi bien relou. Ou alors, s’il a géré « le chômeur baroudeur » retourne bosser là où il bosse depuis déjà cinq ans tous les ans. Nan mais en fait, en vrai, il a tout compris « le chômeur baroudeur » ?!

Le chômeur dépressif :

Bon concrètement, c’est la personne qui se fait virer comme une merde après plusieurs et plusieurs années de bons et loyaux services et qui se retrouve à rien glander de ses journées. Choc terrible psychologiquement, du coup, c’est dur de trouver ses marques quand on maîtrise pas la glande et le je-m’en-foutisme. C’est encore pire quand « le chômeur dépressif » avait un poste à responsabilités (c'est-à-dire un gros con de patron qui exploitait ses employés). Comment accepter de se retrouver du statut de « big boss t’as vu, c’est qui le chef ? » à « gros chômeur de 50 ans vieux-moche et aigri » ? Bhen tu peux pas. Donc tu tombes en dépression, tu rentres dans une spirale infernale, tu te laisses aller. Tes journées ne sont plus que flottements incertains de ton corps de la cuisine à ton canapé. Tes enfants te méprisent, ta femme/ton mari te quitte et tu sombres dans une dépression nerveuse. Et en plus, y’a déjà pas de boulot pours les jeunes qualifiés alors les vieux dont le diplôme est périmé bhen…comment dire…Vive la retraite anticipée. Ouais, désolée, c’est pas drôle mais en même temps avec un titre comme « chômeur dépressif », fallait pas s’attendre à autre chose.

Le chômeur courte durée :

« ça y est, je suis au chômage, pfff, ça me stresse trop. Je vais me galérer… » Ha ouais, dur. Deux jours plus tard « Putain, tu vas halluciner, un pote de ma mère m’a trouvé un poste dans une boîte ! Il cherchait un assistant interprète en langues animales, pile poil mon boulot quoi ! » WTF. Comment est-ce possible ? Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Je n’ai pas envie de savoir et surtout pas de rencontrer ce type de chômeur. Et puis qu’est-ce que c’est que ce métier à la con ?! Sérieusement ?!

Le chômeur longue durée

Etre au chômage depuis neuf mois ne lui pose pas de problème apparemment. Il a donné de sa personne pendant deux ans, il peut bien profiter d’une pause bien méritée ! Ouais, ok. Mais qu’est ce qu’il glande de ses journées, ce type ? A vrai dire, pas grand-chose. Ou alors un peu de tout et n’importe quoi. Il peut prendre des cours de cuisine sophrologique (quoi, vous connaissez pas ? c’est le nouveau concept à la mode de 2016, bande de nazes !), dormir, regarder pleins de séries de 10 saisons chacune en entier dans la même journée, faire une sieste, apprendre à jouer de la batterie. Et de la guitare, et du saxophone. Et du yukulélé aussi. S’il est sympa et qu’il fait parti de vos potes, « le chômeur longue durée » peut vous filer des coups de main (à vous, pauvres gens qui bossez pour payer le loyer de votre appart miteux) pour refaire la peinture de votre salle de bain, faire la vidange de votre voiture ou promener votre yorkshire.

« Le chômeur longue durée » emmerde clairement le monde du travail et s’en bat la race de se savoir inactif toute la semaine. Au final, il arrive à s’occuper et puis, au fond, il s’en fout de s’occuper ;  ce qu’il aime vraiment c’est rien branler. Mais…Mais lui aussi, il a tout compris ?!

Le chômeur artiste incompris

Ha les artistes…Qu’est-ce qu’ils arriveraient pas à nous faire gober pour justifier leur situation professionnelle inexistante ? « Le chômeur artiste incompris » maîtrise (ou en tout cas essaye et vous le fait croire) une pratique artistique et aimerait pouvoir en vivre. Sauf qu’à notre époque (ouiii c’est la criiiise et tout, et tout) bhen c’est difficilement possible, à moins d’être pote avec un connard célèbre ou être prêt à tout (oui, à TOUT et donc n’avoir aucune dignité). « Le chômeur artiste incompris » ne se décrète pas au chômage, non, il est musicien, peintre ou écrivain (haha) mais n’a pas encore réussi à percer, ou n’a pas encore signé de gros contrat. « Nan mais tu peux pas comprendre toi…On a chacun sa vocation. Toi c’était d’être prof et tu savais que tu aurais la sécurité de l’emploi. Moi j’ai choisi une autre voie, un peu plus hors norme, en voulant être chanteur de comédies musicales. Mais j’y arriverais, j’ai quelques petits contrats là. Bénévoles, certes mais c’est le démarrage… »

« Le chômeur artiste incompris » réserve des plages horaires de sa journée pour ses « projets professionnelo-artistiques » (Mais puisqu’on vous dit qu’il travaille, flûte à la fin !) et il cherche un job à côté, ce qu’on appelle le boulot alimentaire. Et ça, il le précise bien…  « Nan, mais c’est un boulot pour gagner de la thune, en attendant de vivre de ma passion. C’est que temporaire. » T’as de l’espoir mec, parce que bon la conjoncture actuelle n’est peut-être pas favorable à la sculpture de cire de Babybel. Mais tu as raison de continuer à y croire : keep da faith ! Il continuera à y croire, inlassablement et enchaînera le chômage et les « jobs alimentaires » (mettre des olives sur des pizzas surgelées ou passer le balai dans les halls d’immeuble) en continuant à écrire ses poèmes stupides sur le libertinage et la faim dans le monde. La vie d’artiste bohème, c’est plus ce que c’était…

Mais je garde espoir pour les chômeurs, surtout mes amis chômeurs et surtout moi d’abord. Bhen y’a pas beaucoup d’offres alors faut savoir être égoïste de temps en temps…

Chômagement Vôtre

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